Région de Monastir (Macédoine Serbe)

Publié le par Marie-Christine

En première ligne. Secteur Nord-Ouest de Monastir, le 27 novembre 1917-

J'ai rejoint le 58ème le 21 après avoir franchi en trois étapes, en compagnie des camarades Gautier, Besseige, Bailly, Aubel, Couturier et Julien, la distance qui sépare Florina (en Grèce, près de la frontière Serbe, ndle) du petit village abandonné de Brusnick niché dans un ravin au N.O. de Monastir, refaisant le chemin que j'avais fait quelques jours auparavant en conduisant un renfort pour le 40è et le 58è régiment d'infanterie. Mais cette fois en joyeuse compagnie, le voyage me parut beaucoup plus gai, exempt de tout souci. Et cependant il a commencé asez tristement par une nuit glaciale, dans un wagon sans vitres entre Vodena et Florina. Le train s'arrêtait sans motif apparent, pendant cinq ou six heures dans de petites stations. Dehors il neigeait et par moment la bise du nord entrait en sifflant, remplissant le compartiment de flocons blancs qui fondaient rapidement sur nos vêtements.

Grelottant de froid, ne sentant plus nos pieds engourdis, nous rions cependant.

Le lendemains, engagés sur une piste incertaine, à quatre heures, par une nuit obscure, nous nous égarâmes et ne parvînmes à retrouver la route des pentes qu'en marchant à travers champs, en prenant comme point de direction un grand feu qui brillait sur une crête.
Le voyage se termina ensuite sans incident; A Brusnick je reçois mon affectation pour la première compagnie de mitrailleuses et dès le lendemain, après avoir déjeuné avec le commandant et le capitaine Villemin dont le principe est de prendre contact avec ses officiers (2mots illisibles, ndle) établir la liaison avec des autos venues par la (illisible,ndle)  Je viens prendre le commandement de mon peloton qui se trouve en soutien.

Nous sommes maintenant en première ligne. La position est violemment bombardée et la lutte d'artillerie devient de jour en jour plus intense.

Cet après-midi, un aviateur boche, venu sans doute pour vérifier l'état de destruction de nos lignes et doué d'un cran inoui, a survolé nos tranchées, les mitraillant d'une hauteur de moins de 100 mètres. Atteint par nos projectiles, il a dû atterrir sur Posen, tandis que les poilus exprimant un sentiment mélé de colère et d'admiration affirmaient "qu'il avait du cran" et qu'il avait mérité la croix de fer. Ils savent reconnaître le courage chez nos ennemis.

30 décembre 1917- Après un repos de 10 jours au camp des châtaigners, notre bataillon a relevé le 2ème dans la nuit du 25 au 26 en première position sur la route de Resna.

La veille de la relève, j'ai visité Monastir en compagnie du "baron" Le Guyader. La ville, dans presque tous ses quartiers, n'est plus qu'un amoncellement de ruines. La présence des troupes à proximité fait que le commerce y demeure cependant très actif. Mais dès quatre heures toutes les boutiques se ferment; c'est généralement l'heure à laquelle commence le bombardement de cette Reims de la Serbie.

La lutte d'artillerie qui s'était calmée dans le secteur depuis quelques temps redevient très vive. Cette nuit, rentré vers minuit 30 avec le peloton qui avait travaillé au terassement d'une piste, je venais de m'étendre sur ma couchette lorsque de gros obus passant au dessus de moi et tirés par rafales attirèrent mon attention. Le temps de me lever et de sortir de ma cagna et déjà le marmitage battait son plein. Les nôtres répondirent bientôt et la canonnade devient d'une extrême violence, rappelant les plus fortes de Verdun. Au bout d'une heure environ les pièces ennemies se turent. Mais les nôtres continuèrent un tir de contre-batteries très intense.

"Aucune action d'infanterie" comme disent les communiqués officiels, et le civil qui les lit se que font nos troupes dans leurs tranchées!

Publié dans grand-papa

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