Bucarest

Publié le par Marie-Christine

1er décembre 1918- Je suis de service à la caserne de la Malmaison comme commandant de compagnie de jour.

Je viens d'assister au défilé des troupes Roumaines et Alliées dans Bucarest. deux longues heures d'attente dans la rue glacée pendant lesquelles nos avions français volant très bas sont venus nous distraire. L'un d'eux a effectué un looping plusieurs fois. Enfin, peu avant midi, les princesses Elisabeta et Maria et Eliana. Un frémissement d'enthousiasme court dans la foule. Elles sont bombardées de bouquets de fleurs qui tombent de toutes les maisons et de tous les étages et qui sont jetés par tout le peuple qui s'entasse le long des trottoirs. Quelques minutes après l'on entend la musique. Cette fois ce sont leurs majestés. La foule est en délire. En tête de l'état major, le roi pensif, la main presque toujours an casque. La reine, d'une extraordinaire beauté, se tenant à cheval d'une façon admirable, répondant aux hourras d'un gracieux sourire. A droite du roi, le général Berthelot, très populaire en Roumanie.
Puis en tête du 1er régiment qui défile, le prince Carol très triste, ne répondant pas à l'enthousiasme de la foule.

Les Bataillons Roumains défilent l'arme à la bretelle et baïonnette au canon en colonne par huit. Les détachements de carabine d'artilerie. les troupes n'ont pas une très belle allure. D'ailleurs on les connait peu. Une jeune fille me demande : "Mais ce ne sont pas les Français!" L'on attend impatiemment nos poilus. Enfin le défilé des troupes Roumaines est terminé. Tout le  monde est déçu parce que les Français n'arrivent pas. La rue est envahie et n'est dégagée qu'à grand peine par les agents qui crient pourtant que les Français arrivent.

Un quart d'heure après l'on entend la vieille fanfare française si entraînante. Voici le général d'Anselme commandant le premier régiment de divisions du Danube et son escorte. L'enthousiasme redevient indescriptible. Vive la France, vivent les Alliés. Un détachement d'Anglais. Voici le colonel Malaisonin (?) commandant le 210 à la tête d'un bataillon. Puis le général Néral à la tête des trois bataillons des 58, 40 et 61, commandés par les chefs de régiment, colonels Igou, Simonnet et les chasseurs d'Afrique qui ont moins de succès. L'on se demande si ce sont des Français, à cause de leur uniforme kaki.

Le soir, vers 8 heures, le roi et la reine se rendant au palais royal où ils offrent un dîner sont arrêtés par la foule qui délire.

Vers minuit, même enthousiasme lorsqu'ils sortent. Derrière eux les princesses, puis, seul dans une voiture découverte le prince Carol qui déchaîne encore des hourras plus retentissants car la foule crie : "Vive Carol l'Empereur de tous les Roumains!" Le général Berthelot est aussi acclamé.

Publié dans grand-papa

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