Fin des opérations en Ukraine

Publié le par Marie-Christine

Le 22 février 1919- Nous sommes arrivés hier à Rasdelnaïa où nous avons relevé le bataillon du commandant Duclos du 1er R.M.A. Notre mission est de défendre la gare, d'y maintenir l'ordre et d'en organiser les services.
Nous avons quitté la citadelle de Tiraspol dans la nuit du  20 au 21 vers 4 heures. les deux compagnies (2è et et compagnie de mitrailleuse) ont embarqué à la pointe du jour.
La première compagnie est arrivée cette nuit vers 20 heures venant de Bender.

Un accident vient de se produire à la gare : un employé ayant trouvé une fusée d'obus l'a frappée contre un banc et a été déchiqueté par l'explosion.

Le 4 avril 1919- Nous sommes toujours à Rasdelnaïa. Les bolchevicks nous ont donné plusieurs alertes. La première fois ils ont été signalés à Paniatowsko, une colonie allemande située à environ dix-huit kilomètres à l'est de la gare. Le commandant y a envoyé un groupe comprenant une comagnie polonaise composée d'officiers et commandée par un colonel, une section de canons de 85 de montagne et une section de mitrailleuses que je commandais.

Nous arrivâmes au village vers 17heures mais la bande qui l'occupait l'avait évacué en apprenant notre approche et s'était rendue à Catargi, localité située à dix kilomètres plus loin. Pendant que nous étions à Paniatowsko, on a ramené dans le village le cadavre d'un habitant qui s'était rendu à Ctargi et qui y avait été fusillé par les bolchevicks. Les paysans nous supplièrent de rester mais nous avions l'ordre de revenir dans la soirée à Rasdelnaïa. Nous y rentrâmes à 22H30 après une longue étape dans une nuit obscure et sur des routes boueuses et incertaines. Mes hommes étant très fatigués, je réquisitionnai en cours de route des voitures pour les transporter.

Les jours derniers, le pope de Catargi est venu prévenir le colonel que des bolchevicks étaient venus dans son village pour faire le cantonnement de leur régiment de l'armée régulière qui avait l'intention d'attaquer les troupes françaises de Radelnaïa. Nous avons effectué des travaux pour mettre la gare en état de défense. Les bolchevicks n'ont pas encore osé attaquer.

Il se confirme d'ailleurs que Catargi est occupé; une base, probablement cellede Popov à laquelle nous avons eu déjà affaire à Tiraspol.

Les Petliouristes sont refoulés et se replient vers Rasdelnaïa. Un train entier d'avaiateurs avec leurs appareils et un imposant matériel est arivé depuis quelques jours. les pilotes volent fréquemment et s'amusent à faire des loopings au dessus de nous.

Des missions du gouvernement ukrainien passent souvent en gare en se rendant à Odessa pour y conférer avec le gnéral d'Anselme. Des gens en vague uniforme qu'on prendrait volontiers pour des brigands, sont généraux de divisions et même de corps d'armée.

Avant-hier est passé le premier ministre; au bureau du colonel Igou, il a laissé tant de poux sur son banc qu'on a dû y faire brûler de l'alcool.

Aujourd'hui, nous apprenons que les troupes françaises doivent évacuer la Russie dans les vingt-quatre heures. Le ministère Clémenceau serit tombé, il serait remplacé, d'après, d'après les journaux russes d'Odessa par Viviani. A Londres, Lloyd George aurait aussi été renversé. Ce dernier bruit a déjà couru il y a quelques semaines, lancé sans doute par les bolchevicks.

Le 5 avril- Je suis de service à la gare depuis hier soir. outes les troupes ont été alertées vers 18 heures. Nous devons tous nous tenir prêts à embarquer. Dans la soirée il y avait un encombrement du quai par des voyageurs qui nous paraissaient hostiles. Un colonel ukrainien a tenté de prendre le commandement de la gare. Il a été arrêté. La voie a été coupée entre Odessa et Radelskaïa. Le colonel Igou a néanmoins donné l'ordre de faire partir le train pour débarrasser la gare de tous ces gens qui encombraient les quais et les salles d'attente. Ils ont tous été embarqués de gré ou de force. les toits des wagons étaient couverts de passagers. La 30è D.I. devait passer ce matin via Tiraspol-Bender, mais la voie n'a pas été encore réparée.
D'après une nouvelle venue de Tiraspol, un radio aurait été envoyé de Paris pour faire cesser tout mouvement de troupe. Un ultimatum aurait été envoyé par les Etats-Unis, l'Angleterre et l'Italie à on ne sait quelle puissance, ni pourquoi.

18 heures- Les trois postes détachés par le régiment sur la voie ferrée entre Rasdelnaïa et Odessa ont été faits prisonniers par les bolchevicks. Le lieutenant de Jaillart est parti avec une locomotive et un wagon (*) pour tâcher en parlementant d'obtenir leur libération.

Publié dans grand-papa

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